
Il est debout là, taciturne, dans ce même bus qui l'emmène tous les matins vers son lycée du 7ème arrondissement. Il est rarement réveillé à cette heure-ci. Son esprit lui fait encore défaut. Sa coupe de cheveux en bataille attire le regard des vieilles dames et ses yeux gris teintés de vert, celui des adolescentes parisiennes cachées derrière leurs écharpes de septembre.
Il se dit que l'hiver est en avance, que ces foutues saisons sont complètement déréglées. Il a, lui-même, adopté le pull et le la veste depuis trois jours.
« Des lendemains qui chantent malgré la pluie battante... »
Il a mis sa musique, il écoute Biolay, Miossec, Beaupain... Il se répète qu'il ne devrait pas écouter ça à son âge... Il n'y peut rien. Ces écorchés vifs lui narrent son histoire au fil des jours, des semaines, des mois...
« L'Amour c'est plus lourd que l'air, pas forcément nécessaire, et parfois même ça rend idiot... »
Ils lui ont dicté une marche à suivre, un rythme...
« L'Amour c'est comme de la poussière, qui vous glisse sur la peau... »
C'est d'eux, qu'il tient la dureté de son regard, sa démarche féline, ses répliques cinglantes. Pour une fois il y a des places assises. Il est toujours debout. Pas envie de s'asseoir, pas envie de se montrer comme ça.
La rentrée est passée depuis 5 jours. Son accident a eu lieu sur la bordure de la nationale peu avant.Il se repasse machinalement la main sur la nuque juste à l'endroit de la petite cicatrice brune, sous sa chevelure qui déborde sur le col de sa veste.
Plus que deux arrêts...