Chapitre 6 : Mai

« Je ne l'aime pas.
Je ne l'aime pas ?
Je l'aime comme on aime une fleur ; On l'admire, on la sent, on s'amuse avec.... mais jamais on ne la cueille.
Pas comme un gamin insouciant de tout futur.
Car, une fois cueillie, elle perd tout son charme, on est plus bien avec elle.... elle devient encombrante.
Et puis finalement, après s'être amusé, on la jette.
Car on ne recolle pas les fleurs.
Je suis bien avec elle. On discute, on rit, on s'invente... elle est plutôt jolie, sa taille, ses forme, ses yeux, son sourire... jamais dans l'excès.
Et c'est là, entre deux bouffées de son enivrant parfum, que sort ce qui ressemble bien à une épine...
"Tu m'aimes juste amicalement ou autrement ?
J'ai besoin de savoir... si c'est de l'amour ou de l'amitié..."
L'Amour... quel joli mot... il veut tout dire et rien dire à la fois....
Le désir ? L'amitié ?
D'autres déclinaisons...
Le grand Amour ? L'amourette ?
Ca n'existe pas...
Alors on bafouille, on ne répond que par verre à moitié vide ou à moitié plein, on s'énerve... et finalement, on dit qu'on oublie.
Alors d'accord, on oublie, on coupe l'épine.
Mais quand on caresse, une fois encore, la fine tige humide de rosée, on sent comme une bosse, un monticule, un cassis qui nous crispe les doigts à chaque passage...
La base de l'épine est restée... et, derrière chaque éclat de rire, chaque parole réconfortante, on la sent... Elle qui ne s'efface jamais.
Non ! Je ne l'aime pas !
Non ? Je ne l'aime pas ? »